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Et moi, et moi, et moi…



 
 

Teacher Act


 
Film indépendant que tout destinait à un circuit de distribution plutôt restreint outre-Atlantique, Rock Academy a finalement cartonné grâce au bouche à oreille. Gageons que l’abattage d’un Jack Black en pleine forme n’est pas pour rien dans la réussite de cette comédie, où l’euphorie s’élève sur fond de guitares basses. Ce qui aurait quelque peu déglingué l’état psychique de l’auteur de ces lignes ?...

Dewey Finn est un raté, mais il est le seul à ne pas le savoir. Persuadé d’être une authentique rock star, il joue dans un groupe underground qui, lassé de ses exubérances scéniques, finit par le virer pour optimiser ses chances d’être pris au sérieux dans un concours. Il vit au crochet de Ned, ancien membre d’un groupe gothique, aujourd’hui bien rangé en tant que professeur remplaçant ; mais sur les conseils de sa compagne, assistante de mairie hyper-responsable, Ned donne une semaine à son ami pour régler les mois de loyer qu’il lui doit s’il veut éviter d’être mis à la porte là aussi. C’est à ce moment que Dewey intercepte une demande de remplacement très bien payée, adressée à son colocataire par l’un des plus prestigieux établissements du pays. Bien décidé à laisser les gamins en récréation perpétuelle pendant qu’il soigne sa gueule de bois, Finn change cependant d’avis lorsqu’il assiste par hasard à leur cours de musique et découvre leur talent... Devant un parterre de tubas, de pianos et de harpes, il décide de revoir l’approche de la musique de ses élèves et, dès lors, met tout en œuvre pour transformer cette classe BCBG en véritable groupe qu’il compte conduire jusqu’au tremplin rock de ses rêves – reconverti pour l’occasion en projet-pédagogique-secret dont il-ne-faut-surtout-pas-parler-à-la-directrice et-encore-moins-aux-parents... Il va leur donner le goût du rock et leur apprendre à briser les règles. Ils vont lui apprendre la responsabilité.

Soyons nets, The school of rock (devenu chez nous Rock Academy, je vous laisse apprécier la finesse de l’allusion) ne restera sûrement pas éternellement inscrit en lettres d’or dans les annales du septième art. Le scénario, plus proche de Sister Act 2 que du Cercle des poètes disparu, est simpliste, pas des plus original, mal ficelé par endroits, démago. Seulement, comme le dirait le professeur Finn, être rock, ce n’est pas être le premier de la classe (« les Sex Pistols n’ont jamais reçu une récompense ! »). Aussi prévisible soit-il de bout en bout, ce n’en est pas moins un plaisir que d’arpenter ces terrains connus en si bonne compagnie.

Car Jack Black, authentique musicien puisqu’il a signé plusieurs titres de la bande originale, mais aussi comédien qu’on avait repéré dans son mémorable rôle de disquaire ravagé dans High Fidelity (« Vous êtes certain de bien connaître votre fille ? Elle peut pas aimer cette chanson !! »), n’est pas pour rien dans le succès de l’ensemble, loin s’en faut. Il est, c’est vrai, épaulé par Joan Cusack, en principale coincée qui décide brusquement de se lâcher, et par toute une bande de jeunes comédiens parmi lesquels quelques authentiques jeunes talents. Mais c’est lui qui porte, pour tout dire, la majorité du poids du film sur ces épaules – qui n’ont rien de frêles, c’est un avantage. Et cela suffit car ce type a un potentiel comique tout simplement dévastateur, doublé d’un enthousiasme communicatif. Au passage, faire doubler sa voix par Cauet, l’animateur-vedette d’Europe 2, est à mon avis une initiative tout à fait déplacée, si l’on met de côté les enjeux commerciaux.

Or, qu’est-ce que la mise en avant des enjeux commerciaux, sinon la fin du rock ? C’est pour ça qu’a été créé MTV, pour mettre fin à la subversion en vous faisant croire que Christina Aguilera était une rock star – bon sang, réveillez-vous ! Rien n’est encore joué !
 
 

Tenez, vous connaissez Candy ? Non, pas le dessin animé, un film réalisé en 1968 par un certain Christian Marquand, un immense délire d’une heure trente, un monstrueux collage surréaliste, un trip érotico-mystique (ou inversement), un cadavre exquis psychédélique, un ovni inconcevable et qui a pourtant été conçu, la preuve ; un navet aux hormones, une nullité d’anthologie, un film tellement mauvais qu’il en devient jouissif, qui nous narre par le menu les aventures de la dénommée Candy (Ewa Aulin, dont personne n’entendit plus jamais parlé), ingénue blondinette légère et court vêtue, qui promène en toute innocence ses formes affriolantes à travers les Etats-Unis et attire sur elle les convoitises de toute une série d’énergumènes plus étranges les uns que les autres, incarnés, excusez du peu, par Richard Burton, Ringo Starr, Anita Pallenberg, Walter Matthau, James Coburn, John Huston, Charles Aznavour et enfin Marlon Brando en gourou hindou, tous légitimement soupçonnables d’avoir été à ce moment-là sous l’influence d’un certain nombre de substances illicites, en même temps que tout le reste de l’équipe d’ailleurs (Terry Southern au scénario, Dean Tavoularis à la direction artistique, les Byrds et Steppenwolf à la musique, quand même). Quel rapport ? Un peu de patience, nom de nom, j’y viens !!

Eh bien, en sortant du cinéma les Trois Palmes, à La Valentine, où j’étais allé, justement, voir Rock Academy, je suis rentré dans un magasin proche, temple de la consommation mercantile dont je tairais le nom pour ne pas lui faire de la pub, à la recherche du dernier CD d’Eric Clapton. Une bonne centaine de télés de toutes tailles occupent le fond, trois étages de télévisions recouvrent les murs, plus des rangées au milieu, toutes diffusant simultanément les mêmes images pour bien montrer les nuances des différents appareils. Ce jour-là, elles étaient branchées sur une chaîne du câble (ou du satellite, je ne sais pas), et les images en question, qui montraient une jeune femme traversant un champ où tout un tas de personnages bizarres se livraient à une sorte de fête hippie, attirèrent mon attention. Elles me disaient quelque chose.
 

Noooon ?
 
 

Ce n’était pas possible ??
 
 
 
 
 

C’était la fin de Candy !! Là, en plein milieu d’un grand magasin, d’un temple de la consommation, j’étais en train de vivre un authentique trip psychédélique !!
 
 
 
 
 

COMPRENEZ-VOUS BIEN CE QUE CELA VEUT DIRE ???
 
 

Ce monde peut encore être sauvé !
 

Ce vingt-et-unième siècle grisâtre et mercantile peut encore être converti aux saines et immortelles valeurs du sexe, de la drogue et du rock’n’roll !!

Hunter S. Thompson, relève-toi, ils sont devenus fous !!!













...
Pour revenir à Rock Academy :
Un film fort sympathique, donc, où l’on apprend aussi qu’une guitare basse, c’est comme une contrebasse, sauf que ça se tient à l’horizontale et qu’on n’utilise pas d’archet.

Note pour les internautes :
Ce site rouvrira ses pages dès que les médecins du centre psychiatrique Valvert jugeront opportun de laisser ressortir l’auteur de ses lignes.